jeudi 20 février 2014

SÉCURITÉ - SENSIBILISATION AUX ACCIDENTS DE LA ROUTE À MERCY (Metz)

. Une journée à l’hôpital plutôt qu’une amende

Dans l’amphithéâtre du centre hospitalier de Mercy, certains automobilistes ne comprennent pas bien ce qu’ils font là. Photo Gilles WIRTZ

Dans l’amphithéâtre du centre hospitalier de Mercy, certains automobilistes ne comprennent pas bien ce qu’ils font là.

Photo Gilles WIRTZ

(Source SENSIBILISATION AUX ACCIDENTS DE LA ROUTE À MERCY)

Vidéo : En Moselle, la sécurité routière passe aussi par la sensibilisation

Hier (19/02/14), une journée de sensibilisation aux risques routiers s’est déroulée à l’hôpital de Mercy. Les participants étaient des gens comme vous et moi, verbalisés pour un coup de fil au volant ou une étourderie.

La journée débute mollement. Les vingt-six personnes, installées dans un amphithéâtre du centre hospitalier de Mercy, soupirent d’ennui ou de résignation. Elles ont entre 20 et 79 ans, huit sur dix sont des hommes. Toutes ont choisi de venir écouter la leçon délivrée par les acteurs de la Prévention routière et les médecins qui récupèrent les accidentés sur leurs brancards. C’était ça, ou la contravention pour non-port de la ceinture, appel téléphonique au volant ou excès de vitesse de moins de 20 km/h. Tarif: 135 euros d’amende et trois points de perdu.

Des broutilles, à première vue. Une jeune retraitée ne comprend pas bien ce qu’elle fait là. Elle grogne qu’elle en a vu, de la route. Qu’elle s’est fait attraper par la police alors qu’elle sortait d’un parking. « C’est vrai, j’ai l’habitude d’attacher ma ceinture en roulant. Mais bon, c’est pas comme le portable, ça ne provoque pas d’accident. »

4 accidents mortels sur 10 pour inattention

Un jeune homme a été pris en téléphonant à sa copine. « J’ai juste décroché pour dire qu’il fallait que je raccroche. C’est pas de chance. » La plupart des participants sont là pour cette même raison : l’inattention. C’est-à-dire la cause de quatre accidents mortels sur dix.

Hier, la journée de substitution de peine s’est déroulée dans le cadre d’une convention originale signée entre la préfecture de la Moselle, la justice et l’hôpital de Mercy le 1er juillet 2013. Les contrevenants, s’ils n’ont jamais eu d’autre d’infraction, se sont vu proposer cette session de sensibilisation en échange de leur amende et de leur retrait de points. En outre, par décision du procureur de la République, ils doivent faire un don de 50 euros à l’Association des paralysés de France. Soulignons qu’en 2013, la Moselle avait été notée parmi les bons élèves, s’il en est, de la sécurité routière avec des chiffres en baisse par rapport à l’année précédente : 451 accidents (-8.3%), 41 tués (-31,7 %) et 563 blessés (-7.4 %).

« L’action n’est pas étendue aux infractions plus lourdes, parce qu’il était hors de question d’exonérer des sanctions pour des faits plus graves ou de la récidive », explique Patrick Langinier, coordinateur de la sécurité routière auprès du préfet.

La matinée a été consacrée aux rappels des aspects fondamentaux de la conduite (percevoir, analyser, réagir), assortis d’un petit atelier ludique.

Photos très dures et souffrances effroyables

Les choses se sont corsées après le repas pris en commun. Les médecins urgentistes ont décrit leur quotidien. L’intervention sur l’accident, l’appel aux proches pour les prévenir, parfois du pire, le transport du blessé ou du mort.

Premières images dures. Les plus choquantes ont été projetées par le Dr Irrazi, chirurgien orthopédiste et traumatologue. Avec ce crédo : « Un accident de la route provoque le même traumatisme qu’un acte de guerre. »

Radiographies et photos à l’appui, il a expliqué les os brisés crevant les chairs, les chevilles broyées, la jambe amputée. Ensuite il y a eu la séquence rééducation, les larmes, les jeunes vies foutues ou presque.

Et enfin, Alain. Quadragénaire élégant, coincé dans un fauteuil depuis treize ans. Un matin clair, lui sur la moto, une petite côte inoffensive, et la voiture en face. Il raconte avec des mots légers les effroyables souffrances, le corps paralysé, son mariage en miettes et des envies de mourir. La salle est glacée d’émotion. Un long silence. « Mes enfants. Ce sont eux qui m’ont permis de m’accrocher. »

Le jeune homme, arrêté avec son portable à l’oreille, glisse d’une voix faible : « Ça fait réfléchir. »

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